Laurène Mérilllet, "nominée" par la Fondation de la mer et l'institut de l'Océan
Six étudiants et étudiantes en sciences de l'océan dans l'Alliance Sorbonne Université ont été "nominés" dans le cadre du prix de la première publication de thèse Fondation de la mer - Institut de l'océan : Matthis Auger, Florian de Bettignies, Marin Cornec, Laurène Mérillet, Yona Silvy, Laure Vilgrain.
La publication de Laurène Mérillet
Ingénieur agronome de formation, j’ai réalisé ma thèse en collaboration entre le Museum National d’Histoire Naturelle et l’Ifremer sur l’inclusion de différentes facettes de la biodiversité dans les diagnostiques de l’état de santé des écosystèmes marins exploités. Je suis désormais en post-doctorat à l’Institut de Recherche Marine Norvégien sur l’effet du changement climatique sur les écosystèmes des fjords arctiques.
Résumé de mes travaux
Les écosystèmes côtiers sont soumis à de nombreuses pressions, dont la pêche et le changement climatique sont les principales. En particulier, les zones de pêche de la façade Atlantique française sont des écosystèmes qui soutiennent des pêcheries très productives, mais dont la biodiversité, loin des espèces iconiques des récifs coralliens ou des grandes profondeurs, est souvent méconnue et encore trop peu considérée dans la mise en place de mesures de gestion. En pratique, il reste difficile d’évaluer conjointement les dynamiques d’un grand nombre d’espèces, due en partie à la difficulté de récolter des données pour certaines espèces rares ou non-commerciales, ainsi que sur les habitats.
Mes thématiques de recherche se situent à l’interface entre les sciences de la pêche et l’écologie des communautés et visent à évaluer l’état de santé des écosystèmes marins exploités. Au cours de ma thèse, j’ai mis en place une approche statistique permettant d’évaluer en une seule analyse les changements subis par un grand nombre d’espèces en lien avec leur environnement. Basée sur des relations de co-variations entre les biomasses des espèces et des variables environnementales (profondeur, température, productivité primaire, …) cette approche est applicable aux espèces pour lesquelles peu d’informations sont disponibles (paramètres de croissance, taux de mortalité, …).
En prenant l’exemple de la Mer Celtique, située au large de la Bretagne, j’ai étudié les effets de la pêche et du changement climatique sur les dynamiques spatio-temporelles de 101 espèces, incluant des poissons, des requins, mais aussi des crustacés, des bivalves et des céphalopodes. J’ai pu mettre en évidence la diminution de l’importance de la pêche sur la structuration des communautés après 2009, sur une période (2000-2016) où le changement climatique n’est pas encore important dans cette zone. Cette étude a également permis de montrer que des espèces commerciales d’eau froide (morue, plie) sont présentes dans une zone dont la température augmente significativement plus que dans le reste de la Mer Celtique. Les stocks de ces espèces sont donc susceptibles de se déplacer vers des eaux plus froides au nord et provoquer des modifications des pêcheries associées. Ces résultats permettent de comprendre la transformation progressive des écosystèmes de fond face à la diminution de l’importance de la pêche et l’augmentation de celle du changement climatique, et ainsi de prendre les mesures de management adéquates. De plus, les résultats de cette étude couvrent une zone de pêche à cheval sur les eaux françaises, anglaises et irlandaises et sont donc particulièrement intéressants en cette période post-Brexit.