Soutenance de thèse d'Elise BASQUIN

En 2020, l’Institut de l'Océan accordait une bourse doctorale à Elise BASQUIN. Nous sommes fiers de la compter parmi nos premières diplômées avec ses travaux sur la cartographie du risque de tsunami sur le littoral méditerranéen du Maroc.

Les travaux pluridisciplinaires d'Elise étaient co-dirigés par :

  • Denis MERCIER, géographe au Laboratoire de Géographie Physique de Sorbonne Université,
  • Elia d'ACREMONT, géologue marine à l'Institut des Sciences de la Terre de Paris de Sorbonne Université.

Elise avait également comme co-encadrants :

  • Sara LAFUERZA, géologue à l'Institut des Sciences de la Terre de Paris de Sorbonne Université,
  • Axel CREACH, géographe à l'Université de Bretagne Occidentale.

Résumé de la thèse d’Elise BASQUIN :

Le risque de tsunami en mer d'Alboran est peu médiatisé et méconnu du grand public. Dans ce bassin occidental de la mer méditerranée, le contexte géologique est propice à l’occurrence de glissements sous-marins pouvant être à l’origine de tsunamis. Les conséquences de ces événements puissants et soudains pourraient être désastreuses pour les littoraux marocains et espagnols compte tenu du temps de réaction très court dont disposent les populations et du caractère extrême des catastrophes de 2004 (océan Indien) et 2011 (Japon).

Le besoin d’anticiper leurs conséquences potentielles sur le littoral nord marocain en phase de développement socio-économique intense est donc justifié par le poids de cette menace latente et l’importance des enjeux qui y sont exposés. Dans un contexte de renforcement de la gestion des risques naturels au Maroc, aussi bien sur le volet de prévention que celui de gestion de crise, calibrer adéquatement les moyens pour répondre au risque de tsunami nécessite d’évaluer la vulnérabilité de la société marocaine. Choisi comme cas d’étude, la ville de Martil reflète les mutations territoriales et les dynamiques socio-économiques du littoral nord marocain, où un tsunami aurait des conséquences dramatiques.

L’étude évalue l’aléa d’inondation par tsunami et la vulnérabilité de Martil à travers un atlas cartographique, premier du genre pour le littoral méditerranéen du Maroc. Elle analyse l’inondation pour deux scénarios de tsunamis générés par des glissements sous-marins de 0.9 km³ et 3.8 km³ en utilisant des méthodes SIG et de modélisation numérique. Martil, située dans une plaine littorale, est particulièrement sensible aux inondations, surtout en front de mer et dans les zones basses. En confrontant les résultats des modèles avec le plan d’aménagement local, il apparaît que la progression urbaine incontrôlée et axée sur l’accueil touristique augmente la vulnérabilité de la ville. Le système de gestion de crise de Martil montre une capacité limitée à gérer une catastrophe, avec des dysfonctionnements potentiels majeurs de ses activités sociales, culturelles, éducatives, religieuses et économiques. En utilisant des bases de données nationales, l’étude estime les pertes potentielles des entreprises pour chaque scénario, montrant que la concentration économique vers les services du secteur touristique exacerbe la vulnérabilité d’une ville souffrant déjà de disparités socio-économiques. Cette étude ouvre des perspectives pour appliquer cette méthodologie à d'autres communes du littoral nord marocain pour lesquelles une évaluation du risque de tsunami apparaît également nécessaire.